LA SOMNOLENCE

Résumé écrit par le Docteur Nathalie ZERR suite à la conférence du Dr Bertrand HOUOT Centre du sommeil RESPIRE Le 13 avril 2019

Introduction

La somnolence est une diminution de l’éveil, une envie impérieuse  de dormir.

Le sommeil obéit à deux processus physiologiques : circadien et homéostatique.

Le processus circadien spontané rythmé sur 24h est géré par l’horloge interne qui donne l’heure de coucher et de l’éveil, cette horloge est synchronisé par la lumière et l’alternance jour/nuit.

Ce processus régule aussi la température. La diminution de la vigilance à 15h est physiologique, c’est le « coup de pompe repas » ainsi intitulé mais cependant tout à fait physiologique.

 Le deuxième processus de régulation du sommeil est l’homéostasie, soit la pression de sommeil. Cette pression de sommeil augmente pendant la journée et diminue pendant le sommeil.

Les deux processus interagissent pour une adaptation optimum entre l’homme et son environnement.

La somnolence

La somnolence pathologique est une diminution excessive de l’éveil, un besoin de dormir impérieux en dehors des heures habituelles de couchers et levers, et hors de la diminution de la vigilance de 15h.

Ce symptôme est quotidien avec un impact sur la qualité de vie sociale et professionnelle, on parle de somnolence diurne excessive = SDE.

La fatigue est un état physiologique consécutif à un effort prolongé, à un travail physique ou intellectuel intense, et se traduit par une difficulté à continuer cet effort ou ce travail.

Le traitement de la fatigue est le repos, le traitement de la somnolence est dormir.

Clinique

La somnolence diurne excessive concerne 20 % de la population, soit 1 français sur 5, 15 % des français concernés éprouvent une somnolence modérée et occasionnelle, mais 5 % sévères et quotidiennes.

Dans ces 20 % de population, 30 % sont les adolescents et jeunes adultes entre 15 et 19 ans.

Le diagnostic de la somnolence se réalise :

 avec des tests subjectifs

  • questionnaire Epworth : un score inférieur à 10 est une somnolence normale, supérieur à 10 est une somnolence diurne excessive, supérieure à 16 est une somnolence diurne sévère ,
  • échelle de fatigue de Pichot etc

avec des tests objectifs

avec une polysomnographie si suspicion de troubles du sommeil.

le TILE : Tests Itératifs de Latence d’Endormissement

  • 4 siestes de 20mn (toutes les 2 heures).
    • en position allongé, lumière éteinte.
    • « Détendez-vous, fermez les yeux et essayer de dormir ».
  • Résultats : pathologique si < 8mn, sévère si < 5mn.

le TME : Temps de Maintien de l’Eveil

  • 4 tests de 40 mn.
    • Assis dans le lit sous faible éclairage.
    • « Restez éveillé le plus longtemps possible, regardez devant vous sans vous stimuler »
  • Résultats : > 33 mn = Bonne Vigilance, de 19 à 33 mn = Vigilance moyenne et < 19 mn = Somnolence sévère.

Le risque automobile et la somnolence et aptitude à la conduite !

A la suite de ces tests subjectifs et objectifs, le médecin s’entretiendra avec le patient de son aptitude ou pas à la conduite, dont les articles sont les suivants :

  • Article R. 412-6 du code de la route : « tout conducteur de véhicule doit se tenir constamment en état et en position d’exécuter commodément et sans délais toutes les manœuvres qui lui incombent ».
  • Arrêté du 18 décembre 2015 a fixé la liste des affections médicales incompatibles avec l’obtention ou le maintien du permis : – Somnolence Diurne Excessive – Les autres pathologies concernées aussi : IDM, trouble du rythme, AVC, épilepsie, acuité visuelle, déficience auditive etc.

Le médecin a le devoir d’informer le patient sur les risques liés à la somnolence, il est soumis au secret médical et en aucun cas il ne dénoncera le patient à son entreprise ou autre, le conducteur reste totalement responsable des démarches administratives.

On discerne 2 groupes de conducteur :

  • le groupe conducteur léger (scooters, motos, automobiles )
  • le groupe de conducteurs lourds (poids lourds supérieur à 3.5 tonnes, transports en commun, taxi, ambulance et ramassage scolaire ou auto-école).

En cas de somnolence pathologique chez le groupe conducteur léger, la reprise de la conduite se réalise après évaluation de l’efficacité thérapeutique du traitement approprié au bout d’un mois.

La clinique est compatible ou pas avec la clinique.

Le groupe conducteur lourd, le patient est en arrêt de travail un mois et la reprise de la conduite automobile est soumise au test de maintien de l’éveil (TME).

Les pathologies à l’origine de la somnolence 

  • le syndrome d’insuffisance de sommeil
  • le syndrome d’apnées/hypopnées obstructives du sommeil  ou SAHOS.

L’insuffisance de sommeil ou dette de sommeil est la première cause de somnolence diurne excessive avec un patient qui ne dort pas assez par rapport à ses besoins physiologiques et chacun a des besoins qui lui sont définis.

L’adulte doit dormir entre 7h30 +/- 1h, il y a des courts dormeurs entre 6h et 6h30 et des longs dormeurs supérieurs à 9h30.

Il y a des couche-tôt et des lève-tôt chronotype matinal, des lève-tard et des couche-tard chronotype tardif.

(Intérêt de remplir un agenda de nuit est de connaitre son profil chronotype matinal ou tardif pour connaître ses éventuelles privations de sommeil)

La somnolence diurne est une maladie du XXIème siècle : nous avons perdu 1h à 1 h 30 de sommeil par nuit, soit 1 nuit par semaine, soit 52 nuits par année !!!

Le SAHOS a comme définition une somnolence diurne excessive, et au moins deux signes cliniques : ronflement sévère et quotidien, sensation d’étouffement pendant le sommeil, sommeil non réparateur, fatigue, difficulté de concentration, nycturie supérieure à 1/nuit , apnées/hypopnées >5/ par heure de sommeil.

Quand y penser ?

SnoringRonflement
TiredFatigue
Observed apneaapnées observées
PressureHTA (traitée ou non)
BMI> 35 kg/m²
Age> 50 ans
Necktour de cou :
> 43 cm (homme)
> 41 cm (femme)
Gendergenre = homme
Positif si ≥ à 3 : dépistage de SAHOS à réaliser.  

Le diagnostic se réalise avec la PG ou la PSG.

Le traitement est la perte de poids, l’orthèse d’avancée mandibulaire et la PPC.

Les conséquences de la somnolence

Les conséquences de la somnolence sont

  •  difficultés d’apprentissage, notamment scolaires, le sommeil est indispensable à l’apprentissage et à la mémorisation,
  • difficultés professionnelles troubles de l’attention, de la performance et des décisions, avec deux fois plus d’absentéisme,
  • difficultés familiales avec trouble de l’humeur et de la qualité de vie
  • troubles de la vigilance avec risque majoré d’accidentologie.

Le risque d’accentologie est important, lié à la somnolence, on cite les catastrophes industrielles 1986 avec la navette Challenger, et Tchernobyl. Y avait-il eu une somnolence excessive des employés ?….

La somnolence provoque 10 à 20 % des accidents et est la première cause d’accident mortel sur l’autoroute, soit 1 accident sur 3.

Un sujet est particulièrement exposé lorsqu’il reste éveillé entre 2h et 5h du matin,

Un sujet présente une dette de sommeil aggravée si il reste éveillé 17h en continu avec une activité soutenue (conduite automobile) ceci correspond à une perte de la vigilance qu’engendrerait 0.5 g d’alcool par litre, si l’activité persévère durant 24h, ceci correspond à l’effet que provoque 1 g d’alcool par litre.

Une dette de sommeil inférieure à 5h de sommeil augmente de 3 x fois l’accidentologie et un syndrome d’apnées du sommeil augmente de 6 à 7 fois le risque d’accidentologie et de 20 % les accidents chez les chauffeurs poids lourds.

Conclusion

Ainsi le signe d’alerte dune somnolence à caractère sévère est le presque accident, il n’est pas normal de rouler sur une ligne continue ou de dévier sa conduite sur les lignes latérales de la route.

Un ronfleur somnolent de plus de 50 ans avec un surpoids doit consulter un médecin du sommeil.