Covid-19 : Prestataire de santé à domicile, autre profession sous tension – article paru dans les Dernières Nouvelles d’Alsace le 09 mai 2020 (Par Marie GERHARDY)

Parmi les professions fortement sous pression depuis le début de la crise sanitaire, les prestataires de santé à domicile, indispensables pour désengorger les hôpitaux, sont peu mis en avant. Rencontre à Dauendorf avec une infirmière d’Adiral Assistance et ses employeurs à Mundolsheim.

Gérard Allgayer fait partie des 9000 patients suivis à ce jour par Adiral Assistance. Photo DNA / Marie GERHARDY

Masque, gel, mallette… À peine garée à Dauendorf, Mélanie Gutapfel s’équipe complètement. Une mesure indispensable depuis le 16 mars pour continuer à se rendre chez les patients. L’infirmière travaille pour Adiral Assistance, un « service d’assistance au retour à domicile » (Sard). L’entreprise basée à Mundolsheim s’occupe actuellement de 9 000 patients en Alsace et Lorraine.

Adiral prête au patient du matériel prescrit par son médecin, pour accompagner son retour à la maison après une hospitalisation, ou encore le maintenir le plus longtemps possible à domicile avant l’hôpital.

Mélanie Gutapfel et ses collègues assurent l’installation du matériel et forment si besoin les infirmiers libéraux à leur utilisation, mais ne pratiquent pas de soins.

Changer les filtres, paramétrer l’arrivée d’oxygène… L’infirmière vérifie le bon fonctionnement de l’ensemble. Photo DNA / Marie GERHARDY

Elle doit se rendre chez Gérard Allgayer, qui utilise un concentrateur d’oxygène dans le cadre de la continuité de sa prise en charge à domicile. Elle change le filtre, vérifie le fonctionnement de l’ensemble… « Car un appareil en panne, c’est l’hôpital pour le patient », expliquent Patrice Rixein, président d’Adiral Assistance, et son directeur technique Christophe Bonnot.

« Depuis le début de la crise, nous avons dû faire face à des besoins en oxygène qui ont décuplé. Les installations d’appareils respiratoires ont été multipliées par huit. Nous en sommes à 2 900 interventions à domicile depuis le début de la crise, principalement liées au Covid-19, dans un mode d’urgence absolue », poursuivent les deux hommes.

« Dès le 16 mars nous étions opérationnels »

Adiral avait anticipé ce bouleversement. « Dès qu’on a entendu parler de ce virus, nous avons constitué des stocks de dispositifs médicaux, avant la pénurie mondiale. Nous avons entièrement revu notre organisation, triplé notre service d’astreinte. Toutes les interventions qui n’étaient pas indispensables ont été reportées. Dès le 16 mars nous étions opérationnels. »

Les protocoles de contrôle, nettoyage et désinfection des appareils qui reviennent de chez les patients ont également été revus. Leur temps de contact avec les produits désinfectants est notamment doublé, et les filtres sont systématiquement changés, alors que normalement ils restent en place six mois.

Autre activité inhabituelle pour Adiral depuis le 16 mars : le prêt d’appareillages aux hôpitaux, établissements de santé et Ehpad. « Nous avons fourni 64 dispositifs à 11 établissements, surtout des gros respirateurs pour Strasbourg. En 48 heures, on nous a demandé 20 respirateurs de niveau 3. Grâce à la fédération, nous avons pu y répondre. »

Car Patrice Rixein est également vice-président de la fédération Antadir, qui regroupe de nombreux Sard en France. Les structures adhérentes ont fourni 822 dispositifs, essentiellement des respirateurs, dont un tiers juste sur le Grand Est et l’Ile-de-France, tout en assurant la continuité de prise en charge à domicile de quelque 200 000 patients.

« Adiral a aussi dispensé des formations en ventilation et trachéotomie. Quant à la fédération, elle a mis en place une hotline d’équipes médicotechniques pour le paramétrage des machines, un chaînage de sept médecins experts en ventilation, un portail unique pour les modes d’emploi des fabricants, et une application pour les protocoles de déverrouillage des machines. »

Photo DNA / Marie GERHARDY

À Dauendorf, Gérard Allgayer n’a rien vu de la tension que subissent les employés de son prestataire. Il semble ravi de la réactivité d’Adiral, et du service de la souriante Mélanie Gutapfel, qui prend le temps de répondre à ses questions. « Nous sommes issus d’une association, et nous gardons cette philosophie associative. C’est notre contribution à l’effort général », conclut Patrice Rixein

Source : https://www.dna.fr/edition-haguenau-wissembourg/2020/05/09/les-prestataires-de-sante-a-domicile-une-autre-profession-sous-tension